Aaaah l’entrepreneuriat. Ce mot utilisé à toutes les sauces, ce mot qui signifie tellement de choses dans l’imaginaire collectif et le concret individuel.
J’ai commencé à toucher du doigt cette “vibe entrepreneuriale” dès la fin de mes études d’économie et de sciences sociales, lorsque j’ai commencé en tant qu’indépendante à offrir mon temps et mon énergie au service de projets auxquels je croyais. Très vite, apparu cette tension entre force de l’engagement, de la passion et nécessité - et justesse - du retour financier/matériel. Ces deux dimensions nécessaires pour arriver à se lever le matin, dans des conditions saines et confortables, se coucher traversés des péripéties du jour et recommencer le lendemain.
En réalité, si le monde du travail nous est expliqué très tôt comme étant l’échange de la force de l’un pour une valeur en devise convertible en services/biens de l’autre, il serait davantage logique de le voir comme un ensemble de vibrations émises qui seraient censées revenir de manière plus ou moins identique en terme d’intensité. Il s’agirait alors d’une application pure du principe de karma, d’une sorte de “retour à l’envoyeur”. Etrangement, nous en sommes loin.
Loin du désir d'alourdir les constats d’inégalités et de mauvais jugement de la valeur de certains métiers pourtant cruciaux de notre société, je voudrais simplement ici proposer un angle de réflexion constructif visant à clarifier ce pourquoi nous nous levons le matin et en quoi l’entrepreneuriat signifie bien plus que de démarrer une entreprise, et la faire fructifier (ou la mettre en faillite).
Si les théories des besoins primaires comme celle de Maslow ont pu être remises en question par la science, il est incontestable qu’il nous est fondamentalement nécessaire de protéger notre intégrité physique et mentale, sécuriser nos lieux de vie et installer un confort minimum de bien-être. Au delà de ceci, cerise sur le gâteau semble être de se réaliser, accomplir ses rêves, jouir de ses talents et passions.
Imaginons: qu’adviendrait-il de notre société si les besoins prioritaires ne découlaient en réalité que de l’accomplissement de soi au service de l’ensemble? Que penser d’un monde dans lequel la passion, le courage d’entreprendre, la ténacité seraient valorisées et monétisées afin de permettre une consommation collective bien méritée?
Je ne souhaite pas refaire le monde, je souhaite au contraire construire sur les opportunités présentes. Ce confinement nous a pour beaucoup poussés vers la digitalisation de nos images et de nos échanges, nous apportant de nouvelles compétences et challenges. Les métiers liés au statut dit “indépendant” doivent plus que jamais oeuvrer de créativité pour continuer à se rémunérer et s’expandre.
Nous sommes confinés du dehors et à l’intérieur, rugit la vraie nature, le vrai feu, la conscience. Ce feu nécessite d’être appréhendé, entendu. Pour certains, le chemin semble plus ou moins évident, poussés par intuition et égo mal placé. Pour tous, un certain travail se révèle. Mais pas celui que l’on croit. Pas la vente de notre feu au service de valeurs destructrices de notre planète et de nos coeurs. Un travail honorable et courageux de construire notre monde d'aujourd'hui, pas de demain, d’aujourd’hui. A cet instant même. Et au suivant.
Dans la philosophie tibétaine, on utilise cette formule “it's like that now”. Tout change tout le temps, et tout moment est opportunité pour aller réveiller le feu, et avancer.
Pour terminer sur l’entrepreneuriat, je n’ai jamais vécu de moments plus intenses, stressants, mais aussi excitants, ambitieux et riches. Je me découvre plus forte chaque jour, plus vulnérable aussi, plus en contact avec les autres et surtout - avec mon feu. J’espère que toi aussi tu le sens ton feu, et si tu ne vois pas de quoi je parle, ferme les yeux, et appelle le, il se réveillera. Je vois une force de changement inépuisable à nos feux réunis, qui, structurés dans des modèles à nobles valeurs, nous permettront de créer le monde rêvé d’aujourd’hui.
A toi,
Isaline