⧋ Tala Transat | Part 3 & Fin | La Transat

TALA TRANSAT | 18 jours d’Atlantique | carnet de bord

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Voilà. C’est fait. J’ai vécu ma première grande traversée océanique et ce fut merveilleux.

 Comme il est assez bien d’usage, c’est avec des sentiments partagés que je reviens à la terre ferme : le désir du retour immédiat à la mer et le besoin de retrouver la stabilité terrienne.  

 Je suppose qu’il s’agit là de l’ambiguïté du rapport entre l’Homme et la Nature, du contraste entre l’amour du risque et du besoin de sécurité, de l’esprit d’aventure et du désir d’ancrage dans la terre.

 Voici un résumé-histoire de ces 18 jours de voyages sur cette vaste et somptueuse étendue d’eau salée.

Jour 1 | lundi 7 janvier 2019

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Nous larguons les amarres peu après le repas de midi. Cela fait plusieurs jours que nous profitions de l’agréable et venteuse ville de Las Palmas et de l’île de Gran Canaria (voir ici pour le post sur cette partie du voyage).

L’excitation calme du départ est palpable, le vent est stable et la mer avenante. Je ne sais pas vraiment ce qui m’attend.

Deux-trois semaines en mer, que cela signifie-t-il ? Je dis au revoir à la terre, je lui donne rendez-vous de l’autre côté.

J’ai encore la musique jazz des copains de Honky Tonk en tête, ça swing dans ma tête. Ils sont libres ces gens, libres. La vie ne doit pas être du plus confortable matériellement mais si elle est heureuse, quelle importance ? Je garderai leur doux souvenir ravivé par le visionnage des quelques capsules vidéos capturées à la sauvette la veille au soir.

A mesure que nous quittons les Canaries, un petit sentiment d’inquiétude me traverse. Je comprends alors, sans le vivre encore, que m’engager dans cette entreprise est très sérieux et surtout qu’il va falloir l’assumer jusqu’au bout. La première fois de toute chose demande au cerveau une forme de reset, même s’il se base sur les expériences vécues et connaissances emmagasinées. La plasticité du cerveau nous permet de créer de nouvelles connections neuronales et vivre de nouvelles expériences l’encourage. Un tas d’émotions me submergent, et c’est aussi pour cela que je suis là !

Mes horaires de quart (de veille) sont les suivants : Minuit / 2h du matin, Midi / 14h.  Je chante à tue-tête pendant mon quart de nuit pour rester éveillée. Heureusement, le cockpit se trouve surélevé en flybridge et le chahut des vagues emporte mes notes passionnées.  

Jour 2: mardi 8 janvier 2019

Deuxième jour. Plaisir infini de me réveiller au son des vagues, au creux de cette grosse coquille mouvante et entourée d’un bleu pastel. Le ciel est immense et nous offre douceur & magnificence.

 Je vais me créer un petit programme pour structurer ma vie à bord et selon mes quarts. Le voici :

⦊ 3h : Dodo

⦊ 9h30 : Lever

⦊ 10h : Rangement cabine et rituel matinal si désiré

⦊ 10h30 – 11h40 : Etude syllabus de yoga / lecture diverse

⦊ 12h – 14h : Quart #1

⦊ 14h – 15h : Sieste

⦊ 15h – 18h : Etude, autre

⦊ 18h – 19h : Préparation du repas

⦊ 19h – 20h : Repas

⦊ 20h – 23h40 : Sieste

⦊ 00h – 02h : Quart #2

Je sais que m’astreindre à une certaine discipline est nécessaire puisque la Fatigue fait partie de la règle des 3F à surveiller pour passer une bonne navigation et ne pas être malade. Les autres F sont Froid, Faim et je m’appliquerai donc à bien écouter mes besoins, à bien manger et me couvrir.

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Je re-trouve dans cet aspect de la navigation qui engage chacun à se responsabiliser, à écouter son corps, à se respecter, ce que j’aime faire passer comme message dans les blooming workshops et me remémorer régulièrement :  « Tu es le seul à savoir ce dont ton corps, esprit, âme a besoin. Et dans le calme, on entend mieux ». Et si prendre soin de soi en ville est une nécessité, le faire en mer en est une absolue. Le bateau bougeant en permanence, la variabilité de la météo, de la houle, du vent, l’apparition de petits bobos éventuels peuvent vite contribuer à créer un enfer sur mer si l’on néglige ses besoins.

Après, comme sur terre, rien n’est jamais statique et éduquer son corps, apprendre à s’écouter est un apprentissage accessible et très nourrissant.

Pour ce qui est des repas, chacun ayant ses propres horaires de quart, nous nous arrangerons d’un commun accord pour que les uns préparent le repas de midi et les autres le soir. Un quart de jour pouvant être réalisé avec moins de rigueur qu’un quart de nuit, nous pouvons manger tous ensemble à midi même durant mon horaire de quart.

Mis à part de beaux échanges, cette première vraie journée est intense pour moi. Etre sur un bateau mouvant en permanence est un peu déstabilisant, même si je n’ai pas le mal de mer. C’est intéressant, je m’étudie. Je pense à mes proches, qui me manquent. Mes petits démons ressortent, c’est le moment de bien respirer et de relativiser. Les séances de chants du quart de nuit sont salvateurs, voici venu le temps de rentrer en moi.

 Avant de dormir, je me demande ce que je souhaite apporter au monde et voici les quelques mots clés :

·      Ma voix

·      Mon énergie positive

·      Ma douceur et bienveillance

·      Ma créativité  

Jour 3: mercredi 9 janvier 2019

Au niveau lecture, j’ai commencé / continué plusieurs ouvrages:

·      « Un été avec Homère » de Sylvain Tesson.

·      « Blue Mind » de Wallace J. Nichols – qui m’en apprend toujours un peu tous les jours sur la plasticité du cerveau et les avantages à vivre entouré ou à proximité d’un plan d’eau, d’une mer.

·      « Le chant des pistes » de Bruce Chatwin – recueil d’anthropologie sur les tribus et cultures indigènes australiennes.

·      « La maitrise de l’amour » de Ruiz qui arrive toujours à point nommé lorsqu’une question de réflexion sur l’amour/ les relations surgit.

Je songe à faire une heure de quart de nuit en silence et l’autre en musique pour me confronter véritablement à mes pensées.

JOUR 4: jeudi 10 janvier 2019

Je lis  « Le chant des pistes » de Bruce Chatwin, c’est fascinant. En voici quelques extraits :

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·      « Les mythes aborigènes de la création parlent d’êtres totémiques légendaires qui avaient parcouru tout le continent au Temps du Rêve. Et c’est en chantant le nom de tout ce qu’ils avaient croisé en chemin – oiseaux, animaux, plantes, rochers, trous d’eau qu’ils avaient fait venir le monde à l’existence » pp. 11.

·      « Le chant et la terre ne font qu’un » pp.46.

Je trouve cette notion de chant créant le réel si belle et profonde. Cette vision du monde renseigne que chacun a un ancêtre totem et il est interdit de manger, tuer, peindre son totem au risque d’en mourir tant la puissance symbolique serait grande. Chatwin parle aussi des ‘walkabout’, ces voyages à travers le pays décidés à la sauvette par des hommes pris par le devoir instinctif et soudain de retracer les itinéraires des échanges dessinés par la piste chantée.

Je songe à la notion de discipline, de persévérance dont il est question dans cette notion de walkabout, où la simple erreur dans une parole ou un air peut coûter la vie à l’homme qui l’engendre. Je réalise que la stabilité psychologique et holistique, même et surtout dans un environnement constamment en changement, nécessite une certaine dimension rituelle.

Tous les matins donc, je m’appliquerai à prendre un temps pour moi avant de sortir de ma cabine.

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Les ciels sont toujours aussi somptueux et la mer maternellement facilitatrice. Au sein de Rangiroa, on entend et sent cette masse d’eau nous acheminer, doucement, vers notre destination. Gratitude.  

JOUR 5: VENDREDI 11 janvier 2019

Ce midi là, je réalise que nous sommes à un tiers du voyage, que le Cap Vert a été dépassé. Je suis au cœur de cette transat, de la mer Atlantique. Mon engagement est bien réel, je le sens habiter tout mon corps. Je prends une bonne respiration et je me rassure. Je décide d’écrire aussi les apprentissages liés à ma démarche :

·      Apprendre la persévérance

·      Apprendre la vraie confiance en soi

·      Apprendre à assumer mes choix

·      Apprendre à garder la foi

·      Apprendre que je suis vraiment seule et que c’est ok

Mon mental s’apaise, mon corps reprend confiance. Tout va bien.

Je songe à la notion de méditation aussi, et j’aime ce que Nichols rapporte dans son « Blue Mind » : « As psychology professor David DeSteno commented, this is the goal of most meditation practices in spiritual and secural traditions : to « break free » from concepts that divide us and to view all creation with compassion and love » pp. 247.

 Il nous apprend également que « compassion and altruism have been linked to the release of beta-endorphins, the opioid hormones present when we experience feelings of love, warmth, caring and social bonding » pp. 246.

 J’aime cette idée selon laquelle la méditation s’expérimente, se vit, est une façon de vivre, un ensemble cohérent – et pas seulement une pratique individuelle et déterminée.

Chacun peut donc trouver sa manière de méditer, de surpasser les moments difficiles en se concentrant sur des éléments porteurs de cette unité, de cette perfection dans l’adversité. Dans l’esprit « Blue Mind », se promener le long de la côte, nager, pratiquer un sport nautique, naviguer nous permet de nous retrouver, de créer de nouvelles connexions, de sécréter des hormones de bonheur. Mais je suis persuadée que la nature terrestre nous permet tout aussi bien cet état méditatif.

JOUR 6: samedi 12 janvier 2019

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Je me lève avec l’astre solaire qui n’oublie jamais de nous apporter le jour. Très puissante, l’ascension majestueuse se produit. Les nuages du ciel entier changent de luminosité et s’harmonisent selon les teintes du chef d’orchestre doré. 

Cette vie en huit clos est aussi un laboratoire humain intéressant. Les personnalités – à la fois statiques et en constante évolution – se dévoilent rapidement. Les besoins de partage, de solitude, de contrôle, de besoin de liberté de chacun se font sentir. Les égos se chatouillent parfois mais la communication douce règle tout. La chance infinie sur cette traversée est le désir collectif de chacun d’avancer.

J’écris ce qui pour moi est la solitude : instant de pause dans la vie sur-sociale sur-bruyante. Et puis la liberté : pouvoir de manœuvrer à sa guise dans un univers de choix donné. Pouvoir de gestion du temps et de l’espace. Choix de pouvoir d’être seul, choix de pouvoir être accompagné.

 Je digère, je revis certains épisodes familiaux, je prends mon indépendance puis je reviens au groupe pour le bien de l’équilibre général. Sacré chemin.  

 J’écris : « le retour au corps, au soin, au lâcher prise, au jeune pour le retour à soi, au divin, à l’essence ». 

JOUR 7: dimanche 13 janvier 2019

Ces mêmes clapotis sous mon dos assoupi. Je suis transportée dans cette belle machine à voilure, de Rangi qui a aussi une âme vagabonde.

Pour une question de veille plus efficace, Olivier et Patou feront tous les deux trois heures la nuit. Mes nouveaux horaires de veille sont donc : 13-15h et 21-23h. C’est juste parfait.  Je dessine un programme davantage flexible.

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⦊ 8h30 : Lever

⦊ 9h – 12h : Etude, lecture

⦊ 12h – 13h : Repas

⦊ 13-15h : Quart #1

⦊ 18h : Préparation repas avec Patou

⦊ 21h-23h : Quart chanté

⦊ 23h : Dodo

La mer est belle et je me sens hyper chanceuse. Vivre sur les flots est incroyablement tranquillisant et aventureux – comment s’en passer ? Chaque jour est une nouvelle page écrite de sel, de vent, de soleil et de bleu. Gratitude.

JOUR 8 à 14: lundi 14 au 20 janvier 2019

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J’ai beaucoup lu pendant une semaine. Entre temps, nous avons pêché un thon ou une bonite et une dorade coryphène. C’était délicieux. J’ai vraiment la sensation que notre geste de tuer un animal pour notre alimentation n’est pas un acte de profanation envers la nature mais bien un don de la mer, que nous honorons directement. Nous avons pris le temps de toucher le poisson, lui demander pardon et remercier la mer.

Nous essayerons bien d’attraper d’autres poissons mais sans succès.

Quelques dauphins – et d’autres de la même famille mais ressemblant davantage à des petites baleines – viendront nous saluer. Quelle joie de les voir danser à l’avant du navire.

Je pratique mon yoga avec plaisir et tant bien que mal sur la plateforme du flybridge. J’essaye les postures d’équilibre mais tout bouge follement.. Voici quelques photos de ces petits moments de bonheur. Merci au photographe Patou!

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JOUR 15 à 18: lundi 21/01 au vendredi 25/01

 Lundi 21/01, nous avons fait 3800 miles soit 6800 km depuis Bordeaux, c’est dingue !

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Les quelques derniers jours en mer se dérouleront calmement. Nous sommes heureux d’arriver. Nous apprécions les beaux derniers couchers de soleil et nuits bercées par les flots. Les étoiles nous accompagnent, radieuses.

Et puis, la terre. La Martinique. L’autre côté. Voilà que se termine cette magnifique expérience de gestion de soi, de contemplation de la Nature, de la vie en solitaire et en communauté.

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Mais voilà déjà que je songe au retour..

⧋ Tala Transat | Part 2 | Gran Canaria

Las Palmas. la DERNIèRE terrE.

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Ville principale de l’île de Gran Canaria, Las Palmas comprend un port foisonnant d’activités industrielles, et les bateaux de plaisance s’y prélassent.

S’arrêter dans un port est toujours l’opportunité de découvrir d’autres navires. Ici, c’est la basse saison mais le port déborde de navires de formes et tailles différentes.

Cette dernière escale pré-transat signifie ravitaillements, derniers réglages de bateau, nettoyage et visite des lieux.

Nous y passerons quelques jours avant le grand départ et réserverons un jour entier à la découverte de cette île fabuleuse dont vous trouverez quelques photos et explications ci-dessous.

Dans les terres - teror

Les paysages de Gran Canaria, deuxième plus grande île de l’archipel, offrent un spectacle pastel où la nature se matérialise tantôt en vastes étendues vertes & roches pastels grandioses, tantôt en sable fin. Sa superficie est de 1560 km2 et le plus haut pic atteint 1956 mètres.

La dure conquête de l’île par les rois catholiques aurait eu lieu au XV ème siècle, les habitants natifs résistants aux assauts des envahisseurs. La couronne de Castille implémente alors son système socio-économique mais Gran Canaria ne développe ses activités commerciales - basées sur les activités portuaires - qu’à partir du XIX ème siècle.

Les activités maritimes commerciales pousseront au développement touristique, secteur devenant alors la principale source économique. Les deux guerres du XX ème siècles ralentiront la dynamique mais celle-ci reprendra dès les années 50.

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Nous visiterons le joli (et non terrifiant) village de Teror. Il s’agit d’un village de pèlerinage pour les habitants de l’île, la basilique située en son coeur y abritant la sainte patronne du diocèse de Canarias depuis le XVIII ème siècle. Source: ici.

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Dans les dunes - Malpalomas

Les dunes de Maspalomas sont un phénomène à expérimenter. D’une superficie de 430 hectares, ces larges étendues ondulantes ont une histoire dont l’origine est encore discutée aujourd’hui. Certains parlent de sable provenant du Sahara, d’autres de sable provenant de l’île et emprisonné dans un cycle d’allers et retours selon vents et marrées, d’autres encore d’un tsunami suite à un tremblement de terre. Quoi qu’il en soit, gravir et glisser de ces géants beiges est impressionnant. Source: cliquez ici.

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HONKY TONK - Swing auditif pré-départ

Le soir, nous irons voir nos copains de ponton jouer avec leur groupe de jazz Honky Tonk !

Le projet est simplement génial : Bots, le propriétaire, propose à des artistes du monde entier de le rejoindre sur son catamaran et d’aller faire des concerts de rue et autres selon opportunité. Un exemple de liberté et de joie simple.

Leur énergie est incroyable, ils ont tous l’air de faire partie de la même famille. Une famille d’aristochats. Pour leur chaine youtube, c’est ici et leur site: ici.  Their music is healing !

Voilà qui terminera en beauté ce séjour à Gran Canaria. Et demain, départ pour la transat!

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⧋ Lecture | Les 5 blessures

Ces lectures qui te trouvent

Durant ce voyage, quelques ouvrages me seront bien utiles. Ils se sont d’ailleurs, comme d’habitude, un peu « imposés à moi » avant mon départ, les retrouvant à de multiples reprises sur le coin d’une table ou posés sur ma valise. Un hasard? Je ne pense pas. 

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Le livre “Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même” est un ouvrage dans lequel Lise Bourdeau nous offre une grille de lecture de nos comportements.

Les clés de compréhension se trouvent entre les lignes, et chacun y entendra ce qu’il doit y comprendre. Comme toujours. 

Les cinq blessures sont : le rejet, l’abandon, l’humiliation, de trahison, l’injustice.

Ces cinq blessures se créeraient dans la toute petite enfance, et pour survivre à celles-ci nous créerions des masques que nous arborons plus ou moins selon les contextes et la profondeur de la blessure. 

Les cinq blessures

Blessure Masques

Rejet         Fuyant 

Abandon Dépendant 

Humiliation Masochiste 

Trahison Contrôlant

Injustice  Rigide 

ce que j’en retiens


La lecture de ce livre est selon moi très intéressante puisqu’elle nous permet de prendre du recul et d’étudier nos comportements et modèles de fonctionnement avec des lunettes différentes. Il existe pléthore de méthodes pour nous analyser et je pense que toutes sont complémentaires et nous appellent lorsque nous en avons besoin. 

Ce que je retiendrai de ce livre, outre l’analyse me concernant, tient en quelques points : 

  • Les actes, même semblant tout à fait bénins, provenant des parents, tuteurs, professeurs, référents peuvent avoir un impact imprévisible sur le développement psychologique de l’enfant. Etre parent s’improvise en grande partie et il est impossible de pouvoir tout anticiper – surtout que les blessures sont autant d’opportunités d’apprendre que d’intérêts de vivre nos vies. Je songe donc à une approche bienveillante envers les référents qui font comme ils peuvent et les enfants grandissant en font certainement de même.

  • Cerner les comportements masqués chez les personnes avec qui nous avons des interactions permet de reconnaître certaines blessures et d’accueillir avec bienveillance ce qui pourrait nous sembler être une agression, un acte nous visant personnellement.

  • Comprendre que lorsqu’une personne parle, juge, analyse, elle le fait dans son unique perspective et par rapport à ses références. Même avec une bonne dose de recul, une conscience développée, nous sommes toujours nous-mêmes et L’invitation à ne pas prendre les choses personnellement et se dire « ok, que les mots de cette personne veulent-ils dire d’elle ? Quelles sont les informations qui peuvent me faire avancer sur mon chemin ? ». Comme cela, nous nous aidons véritablement et implicitement, les uns les autres,  à apprendre et grandir. 

  • Les cinq blessures me semblent toutes assez familières. Nous utiliserions en fonction de certaines situations, des masques différents pour ne pas revivre nos blessures. Une blessure incarnée en nous nous guiderait également à imposer cette blessures à d’autres, comme une chaine d’apprentissage. Lise nous explique que lorsqu’une blessure est guérie, une personne recevant cette blessure de notre part réagira sereinement ou pas du tout. La chaine sera brisée, la tension apaisée. 


Et toi Bloomer, quelles sont les méthodo qui t’inspirent? Les ouvrages qui te guident?

Bises salées,

Isa Tala

⧋ Tala Transat | Part 1 | Bordeaux - Royan - Cascais - Las Palmas

Bordeaux | Départ brumeux heureux

Départ à 4h, dans le noir, du ponton du chantier naval de Bordeaux. Nous sommes heureux de prendre le large, l’attente fut douce mais longue. Pour un historique des petits travaux, tu peux retourner voir les posts ici.

La descente de la source à la mer nous fait passer par la Garonne et puis la Gironde - 5h30 pour 55 miles. Tout est calme jusque dans l’estuaire où ce qui est apparemment “une petite houle” me fait me pressentir ce que le mal de mer provoque comme sensation. C’est drôle, bizarre, changeant, perturbant. Ton corps ne sait pas quoi penser, s’il va mourir, ce qu’il faut faire. C’est impressionnant, flippant, beau. On se sent vivre!

J’ai écrit le petit texte suivant concernant ma gestion de ce nouveau contexte:
⟐ This Blooming Journey.
.
At sea, your entire world changes.
.
At first, your body doesn’t accept the constantly changing context around. He is kind of lost and searching for new pillars.
.
The pillars cannot be the static things around you because it’s exactly that contrast between moving & static which is causing the body’s weird feelings.
.
The idea to get used is actually to breath, and tell your body that everything is alright. That if being sick is always an option, another could be to integrate the new environnement as the new state of being.
.
The pillars are your positive thoughts & beliefs. Nothing from the external world needed.
.
Reassured, the body slowly changes perspective and starts to focus on deep sense feelings. How is hearing like? How is taste changing? What can I really see? What are my intuition about how to move?
.
I feel that this important work can be helpful in any context where your body starts to get anxious. Let him know that you are there and that it’s gonna be alright no matter what.

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ROYAN | La pause rapide

Nous nous arrêterons à Royan, petit commune des Charente Maritime afin de reprendre du gasoil et se reposer avant de prendre la route vers le Portugal, à Cascais. Il nous faudra affronter le Golfe de Gascogne, qui peut être assez turbulent et dangereux. Par chance, les fenêtres météos sont vraiment belles et nous pouvons partir le lendemain.

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Golfe de gascogne et côte portugaise

Le golfe de Gascogne et la côte portugaise sera un petit périple de 750 miles en environ 5 jours à une moyenne de 7 noeuds alternant voiles et voiles - moteurs. Se succéderont des beaux levers de soleil, dauphins, couchers de soleil et nuits splendides.

Nous nous organisons jour et nuit en “quart” - c’est-à-dire et dans notre cas, par deux, pour des tranches de deux heures. Même si le pilote soit vent, soit cap est en route, nous devons quand même être à l’affut de tout bruit étrange dans les voiles / mats et au niveau de l’eau, au cas où nous rencontrions un container (ce qui est très rare, of course). Mes heures de quart sont: 22h-minuit, 4h-6h, 10h-12h, 16-18h; soit, toutes les quatre heures.

La traversée est belle, pas trop mouvementée. J’en profite pour commencer mes lectures et écritures. Nous mangeons aux horaires qui nous conviennent et concordent avec nos siestes.

La température est fraiche et le vent ressenti est glacé. Nous aurons bien mérité nos températures plus douces par la suite.

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CASCAIS | retour du soleil & repas de nOël

Nous arrivons à Cascais en fin de nuit. Nous ne verrons les belles lueurs du soleil que le lendemain. Cascais est un joli port longeant Lisbonne. Nous n’irons pas dans la ville mais profiterons des ensoleillés rayons pour préparer un beau repas de Noël dont tu trouveras quelques photos ci-dessous.

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Le lendemain et après avoir débarqué mon copain de quart et chef adoré (snif), nous mettons du gasoil et les voiles pour notre prochaine destination: Las Palmas que nous atteindrons quelques 5 jours plus tard.

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longer la côte Marocaine

Nous descendrons en dépassant le détroit de Gibraltar sans problème, et longeant la côte marocaine avec un vent qui nous fait progresser de 750 miles en 4 jours. Le temps se réchauffe, les quarts se font sous nuits étoilées, c’est sublime. Nous ne verrons pas la terre dorée mais retrouverons plus tard des résidus de sable du Sahara. Ce que le monde peut fabriquer comme magie..

Notre périple avance, l’ambiance est toujours aussi bonne et douce.

Mes deux lectures du moment seront Blue Mind de Wallace J Nichols, Les cinq blessure qui empêchent d’être soi-même de Lise Bourbeau et The Mastery of Love de Don Miguel Ruiz. Je te ferai des petits résumés de mes interprétations si ça t’intéresse.

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LAS PALMAS | soleil et ancrage

Nous arrivons à Gran Canaria en fin de soirée, il semblerait qu’arriver tardivement fasse partie de notre mode opératoire..

Le lendemain matin donc, belle lueurs, beau lever de soleil.

Gran Palmas est l’île la plus centrale de l’archipel des Iles Canaries et a une superficie de 1560 m2.

Nous irons la visiter ce jour et nous partons demain pour la grande traversée, l’excitation est à son comble!

Je t’embrasse,

Let’s bloom,

Isa Tala

Pré - Transat | La douce prémisse

my my, les clés sont restées à l’intérieur

Arriver sur un nouveau terrain de jeu engendre une certaine excitation et un brin d’appréhension.

Dans le cas de ce voyage, j’admets volontiers que la fameuse après-midi de mon départ, je ressemblais davantage à une petite fille apeurée qu’à une aventurière en devenir.

En réalité, une fois la porte d’entrée fermée avec les clés à l’intérieur, j’étais déjà dans un autre univers. Une page qui se tourne, une autre qui s’ouvre. La page blanche. La jambe un peu tressaillante. L’excitation et l’anxiété de me perdre. Mais je me rassemble, me concentre sur mes affaires, et marche devant moi, jusqu’à la gare.

La journée de voyage de Bruxelles à Bordeaux passe vite, entre deux bonnes amies accompagnantes et des moyens de transport tout à fait efficaces - 4h Thalys | TGV, pas mal hein? Le capitaine et ses parents viennent me chercher et en route vers le CNB (Constructeur Navale Bordeaux) Yacht Builders où notre Lagoon 620 se trouve. Je ne le verrai réellement que le lendemain matin, le jour levé.

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Bloomer, je te présente notre vaisseau des mers:

Dream Rangiroa !

Lagoon 620 - Pour une description totale du catamaran avec vidéo, clique ici

Discuter du confort de ce bateau me fait toujours un peu sourire et je dis à l’occasion que c’est une “transat de luxe”. Je souris aussi parce que je suppose que si le luxe a quai est agréable, il n’a pas le même goût dans une mer agitée, avec des vagues de deux mètres.

Depuis le 10 janvier, 11 jours exactement, nous travaillions sur Dream Rangi pour faire les finitions, créer des tauds (protection de feuilles plastifiées pour se protéger des vents et pluies), protéger les espaces puisque nous jouissons gracieusement de ce bateau avant charters en Polynésie. Oh oui, t’avais-je dit, bloomer, que Rangi et la Dream Team vont jusqu’en Polynésie? My my. Pour ma part, je m’arrête surement aux Antilles vu le retard mais sinon le Canal de Panama. Si tu veux voir les photos des préparations, clique ici pour lire les posts Instagram ou Facebook.

La vie au chantier nous a permis de nous rencontrer avec l’équipage et de devenir une vraie nouvelle petite famille. Nous sommes tous assez complémentaires et avons la sensibilité de prendre soin. Chacun trouve sa place, les moments passés ensemble sont doux et intéressants. Bien-sûr, nous savons que les conditions futures risquent de provoquer certaines tensions mais nous rencontrer dans le contexte calme du chantier nous permet de nous appréhender. Calmement.

Le vrai départ

Demain, nous partons. Le 21 janvier, à 7h du matin. Nous partirons tout d’abord vers Royan où nous nous arrêterons pour la nuit. La navigation ne devrait pas prendre la journée, mais “les conditions dans le Golfe de Gascogne seront encore trop fortes et la houle trop importante” m’indique Patrick alias Patou, le second du Capitaine. Nous prendrons ensuite la mer dimanche avec pour objectif d’arriver vendredi à Cascais - Portugal OU 8-10 jours plus tard (environ 1000 miles - 1 mile = 1852 m) si nous continuons directement jusqu’aux Iles Canaries. Mais rien de fixe, c’est la mer, le ciel, tout change et bouge tout le temps.

Source: Google Maps + annotations Tala

Source: Google Maps + annotations Tala

J’essayerai de poster le plus souvent possible, en fonction de la connexion disponible lors des escales.

L’aventure continue. Chaque jour en est une. Mais demain, c’est certainement le commencement de quelques belles pages. De quelques belles pages de mer et d’imprévus, de rêves et d’encrages.

Let’s bloom. Comme toujours.

Isaline Tala

Réflexion d’une consommatrice trentenaire à la recherche du juste milieu

J’avais commencé ce post par une petite complainte sur l’oppression des grands magasins, cette ambiguë relation entre choix infini de produits et léthargie presque immédiate que l’on peut ressentir au milieu d’un rayon multi-marques/colore.

Cela me semble tout compte fait assez inutile puisqu’aujourd’hui, j’ai la sensation qu’une proportion croissante de la population (surtout occidentale) se sensibilise et aimerait agir « plus éco ». Les gestes et modifications apportées au quotidien sont à la discrétion de chacun et varie du bannissement de quelques produits cosmétiques chimiques à la création d’un mini potager urbain ou au changement de fournisseur d’énergie.

Si vous voulez commencer à changer des petites choses du quotidien, vous pouvez suivre le site de la Famille Zero Déchet ici et suivre le blog-guide The Lemon Spoon ici qui vous donnera tous les bons plans pour consommer davantage éco et éthique.

Lorsque l’on décide de mettre des choses en place afin de réduire son impact négatif sur la planète, l’on en vient rapidement à comprendre que pour que notre impact soi réel – avoir un impact minimal est déjà très bien, pas de question de jugement ici, juste de degré – cela requière que nous soyons prêts à y laisser un peu de notre confort. Ou en tout cas à y consacrer davantage de temps. Et c’est parfois là que le bas blesse.

L’on voit parfois passer cette image satirique qui fait sourire mais qui nous invite à réfléchir plus loin:

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Au terme d’une discussion fort intéressante (comme toujours) avec la passionnante mentor Catherine [1], je retiens deux valeurs qui reviennent souvent:

Liberté – liberté de décider, liberté d’avoir le choix, liberté d’avoir le niveau de confort le plus élevé possible[2], etc. ;

Responsabilité – aussi spécifique qu’individuelle, ce qu’il nous semble « bon » de faire pour la planète, pour l’éthique et l’écologie, pour la collectivité, etc.  

Nous pourrions avoir le sentiment parfois qu’afin de servir notre (auto-décidée) ‘responsabilité’, nous devrions limiter notre liberté. Je pense que nous pouvons sortir de ce schéma et que c’est la meilleure façon de nous honorer et d’honorer le monde.

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J’ai la sensation que si nous réfléchissons chacun.e à ce qui est vraiment important pour nous, avec honnêteté, nous posons des actes justes. Nous pourrions par exemple trouver important l’idée de consommer sainement pour notre santé et de comprendre que cela peut également favoriser le développement de l’agriculture locale, biologique, les deux.

Nous pourrions aussi aimer faire nos propres lunchs sains et délicieux (comme proposé ici par la belle Tatyana et son projet Cocon’up).

Mais nous pourrions aussi trouver prioritaire de prendre le temps quelques fois par semaine pour faire autre chose que de préparer son repas ou faire des courses spécifiques et l’utiliser pour d’autres choses, comme passer du moment de qualité avec les êtres aimés, se rendre à l’exposition dont le vernissage se produit ce soir, etc.

Personnellement, je suis convaincue qu’à long terme, chercher à trouver cet équilibre, nouveau chaque jour, nous permet de vivre une vie heureuse où notre liberté ne serait pas privée et où il n’existe pas de sentiment de culpabilité. Agir « justement » est d’ailleurs plus une question de ressenti, de feeling, d’intuition que de réflexion complexe et stratégique. Je pense que si l’on se pose suffisamment (physiquement, et en soi-même[3]) et que l’on est curieux de nouvelles alternatives et projets, l’on peut, avec le temps, prendre des décisions ok pour nous, ok pour le monde.

Et toi, bloomer, comment ressens-tu cette gestion de liberté et de responsabilité ? Fais-tu des choses au quotidien pour la planète ? Dis nous tout. Sharing is caring et nous pouvons nous partager nos bonnes pratiques pour y voir plus clair.  

Let’s bloom !

Isaline Tala

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[1] Ici, le lien vers ses œuvres magnifiques

[2] Pas par amour du luxe mais parce que le degré désiré de protection de l’intégrité physique peut augmenter proportionnellement à l’habitude du confort et cela assez naturellement

[3] Se poser en soi-même, sauce Tala = se poser sur une chaise, par terre, peu importe, avec rien. Pas de téléphone, pas de méditation, pas de musique, pas de thé ni de chocolat, rien. Juste vous. Conscientiser les premières respirations et puis laisser son esprit vagabonder. Si il part trop loin, le ramener doucement et laisser voir ce qui vient sur le thème de changement de consommation etc. Laisser les réponses émerger gentiment. Si il n’y a rien, recommencez régulièrement, vous verrez.

Patrice Franceschi ou l'initiation au désir océanique

En Janvier 2017, je partais pour Taghazout (Maroc) avec mon amie Elisabeth (autre co-fondatrice de The Blooming Workshops).

Nous avions décidé de la jouer mi-farniente, mi-aventure - nous nous satisferons finalement de la première option - et j’avais donc fait le plein de bons livres. En fait, à l’époque, je n’avais pas la moindre idée de leur qualité littéraire, je les avais choisi pour la plupart sur base de leur qualité esthétique, tout comme l’enfant que je suis parfois l’aurait fait.

Cela faisait quelques temps que je parlais avec mon conjoint Kévin de la navigation et du fait qu’il m’avait contaminé au désir de prendre la mer. Nous regardions alors des vlogs - blog + vidéo - de navigateurs des temps modernes tels que Sailing SV Delos ou Sailing La Vagabonde qui vivent de leurs voyages documentés aux quatre coins des océans.

C’est tout naturellement que les récits d’aventures attiraient alors mon attention lors de mes nombreux passages chez le Petit Filigrane du Parvis Saint Pierre. Ils avaient un tout petit rayon coincé entre guides de voyage et agendas. Là, attendait sagement Patrice Franceschi et son “Trois ans sur la dunette: A bord du trois-mâts “La Boudeuse” autour du monde” de l’Edition Point.

Avant de vous présenter le livre qui aura manifesté ce désir grandissant d’aventure, je vous en présente l’auteur. Patrice Franceschi est aviateur, marin, philosophe, et écrivain. Je vous conseille vivement de l’écouter parler ici ou .

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Cet ouvrage documente le voyage d’une université flottante partie à la rencontre des “peuples de l’eau” de l’Amazonie à l’île de Pâques et des Célèbes aux mers du Sud. Des chercheurs, des philosophes, des marins, des curieux du monde prêts à remettre en question leurs perceptions du monde. C’est un voyage humain tout d’abord, un chemin intense parcouru de découvertes et d’aventures.

A l’époque de la lecture, je suis couchée à l’ombre sur la plus haute terrasse de notre hôtel local en face de la plage marocaine et je bascule littéralement dans ce monde palpitant. Je ressens cet intense désir d’écriture et de voyage, de prendre le large, et de vivre cette aventure humaine à l’autre bout du monde. J’aime également cette notion de “pensée d’aventure”, presque sacrée, qui nous invite à la liberté.

Alors biensûr, l’aventure La Boudeuse date de plus de 10 ans (2004-2007) mais les valeurs restent fondamentalement intemporelles: liberté, ouverture d’esprit, la zone de l’hors-confort, aventure humaine.

J’ai le désir profond de me réaliser en vivant dans l’esprit d’aventure, celui qui engage passion, flow, rigueur. J’ai le désir de co-créer, avec la nature et les autres humains. J’ai le désir de vivre une vie intense qui me fait vibrer.

Tala.